Blog de nos voyages et comment nous les avons vécus

C’était un bon plan. Nous avions loué une voiture pour rendre l’exploration plus efficace. Et nous n’avions pas de doute… nous allions en trouver. Secrètement, et malgré une touche d’excitation à l’idée d’une aventure inédite, je m’inquiétais de la possibilité que Jacek ait à conduire (du mauvais côté en plus ) sous les effets hallucinogènes du konokono!  

Direction la réserve François Léguât, à l’extrême opposé de l’Ile. A 30 minutes en voiture. 

Avant de partir nous prenons un café à 10h30, dans le restaurant Le Bon Vivant, caché derrière une rangée de bâtiments très quelconques, et ouvrant sur la plage, et ne servant le petit déjeuner que jusqu’à 9h30 et le déjeuner qu’à partir de 11h, mais qui malgré tout a accepté de nous servir des fritures panées de poulet et d’ourite. En observant le menu nous sommes tombés sous le charme de l’assiette du pêcheur: un assortiment de langoustes, crabe, poisson, ourite, crevettes et moules pour deux personnes. Nous avons réservé pour le soir!

Au musée de la réserve François Legat, nous avons appris cette chose: les humains sont les pires prédateurs. Jacek insisterait bien sur le fait que les humains français sont un peu pire, car comme à La Réunion pour le Dodo (mais aussi à Maurice), ils sont responsables de la disparition d’un oiseau très particulier:  le solitaire, proche cousin du Dodo, mais pas seulement. Le musée montre aussi un dessin représentant l’ensemble des espèces qui ont été éradiquées par les humains (français) sur l’Ile, et leur liste dépasse les 20 items!

C’est assez stupide et stupéfiant de se dire que les tortues de terre qui vivent maintenant à Rodrigue, et toutes dans des réserves, ne sont pas les espèces de tortues qui y habitaient avant la découverte de l’Ile, toutes disparues aujourd’hui, alors que François Legat, qui fut l’un des premiers humains ( français) à débarquer sur l’Ile écrivait à son arrivé que les tortues y étaient si nombreuses qu’il était possible de marcher 100 pas sur leur carapace sans jamais mettre un pied à terre. Le fait qu’il se soit retrouvé sur l’île avec seulement 7 autres compagnons, a l’insu de son plein gré selon la célèbre réplique, après avoir fui la répression contre les huguenots (en France) alors qu’il pensait aller à l’île Bourbon (La Réunion) n’excuse pas qu’il ait été parmi les premiers acteurs de la disparition de toutes ces espèces. Le seul moment où ses écrits trahissent sa crainte de la raréfaction du Solitaire sont ceux où il déplore la possibilité de perdre l’accès à une chair si délicieuse. Même moi, en rêvant à mon assiette du pêcheur, j’ai trouvé ça choquant…

Aussi, quand nous sommes tombés sur un avertissement expliquant que le restaurant de la réserve ne servait pas de konokono, du fait que sa surpêche risquait de le voir disparaître (même s’il ne faisait pas partie officiellement dès la liste des espèces menacées) nous n’avons pu qu’approuver. 

Notre esprit fut vite détourné cependant de ces préoccupations écologiques, car dans cette réserve de tortues de terre (dont la publicité est faite très curieusement dans toutes les stations essence) nous allions partir en visite guidée dans une… grotte!

Et quelle grotte! « it’s a good cave » à répété Jacek à plusieurs reprises. Une vaste et longue grotte, je rajoute. Nous avons réappris ce qu’était une stalagmite une stalagtite et une colonne qui est le résultat de la rencontre d’une stalagtite dans sa descente et d’une stalagmite dans sa montée, nous avons entendu le « ploc » assourdissant d’une goutte d’une pluie tombée 5 mois plus tôt, dans le noir le plus total quand le guide a éteint sa lampe torche et tous les projecteurs et nous avons vu un lion, un crocodile fêtant son anniversaire, un sphinx à tête de mort (ou peut-être Dark Vador) et le papa Noël en visite anticipée. Et tout ça, je dois le préciser, alors qu’à ce stade nous n’avons pas encore posé ne serait-ce que les yeux sur un konokono.

Et pour finir bien entendu nous avons marché parmi les tortues. 

Je dois raconter qu’à notre arrivée à la réserve j’ai pensé à Dauphine (ma tortue à la maison). Je me suis connectée au wifi gratuit du musée avec l’intention d’envoyer un message à Céline qui habite chez nous cette semaine et à qui j’avais complètement oublié de parler de Dauphine. Et avant de pouvoir tapoter la moindre lettre de ce message je reçois celui-ci, avec une courte vidéo: « est-il normal qu’une petite tortue se promène dans le jardin ? » hihi! 

J’ai promené ensuite avec moi une petite pensée dans mon cœur pour ma mignonne petite Dauphine en marchant parmi les nombreuses grosses tortues des Seychelles, et des petites tortues de Madagascar de la réserve.

C’était une belle journée. Nous ne retiendrons pas que l’accès au pont suspendu n’était plus possible quand nous y sommes arrivés, mais plutôt qu’à la boutique d’artisanat juste à côté j’ai pu m’acheter une petit sac à main tressé en forme de soucoupe volante pour enfin y enfermer téléphone, cigarette , ravitaillement de cigarette, et portefeuille qui encombraient jusque là mes poches et mes mains. 

Nous retiendrons aussi que la route, par la côte, du retour était très belle, malgré le temps couvert qui enlevait au lagon son turquoise de rêve, et que nous n’avons pas eu d’accident. Avec une franchise à 25000 roupies sur la voiture de location il valait d’ailleurs mieux que n’ayons pas encore goûté de konokono… 

Et pour finir je dirais que nous n’avons pas été déçus par l’assiette du pêcheur au Bon Vivant, et que boire une tequila sunrise en se balançant dans une nacelle en bord de plage, au couché du soleil, ça a beau être terriblement cliché mais c’est quand même pas désagréable!

It really was a solid plan. We’d rented a car to make our explorations more efficient. And we had no doubt about it… we were going to find konokono. Secretly though, despite a little thrill at the thought of this new adventure, I couldn’t help but worry about the possibility of Jacek having to drive (on the wrong side of the road, no less) under the hallucinogenic effects of konokono.

Our destination: the Réserve François Leguat, on the opposite end of the island. Just a 30-minute drive away.

Before setting off, we stopped for coffee at 10:30 a.m. at Le Bon Vivant — tucked away behind a row of utterly unremarkable buildings, opening onto the beach. They only serve breakfast until 9:30 and lunch from 11:00, but kindly agreed to make us some deep-fried chicken and octopus. While browsing the menu, we fell head over heels for the “Fisherman’s Platter”: a glorious mix of lobster, crab, fish, octopus, prawns, and mussels for two. We made a dinner reservation on the spot.

At the museum of the François Leguat reserve, we learned one very clear lesson: humans are the worst predators. Jacek would argue that French humans are a bit worse — because just like what happened in La Réunion with the dodo (and in Île Maurice too), they were responsible for the extinction of another extraordinary bird: the solitaire. But not just that. A drawing at the museum shows all the species wiped out by humans (French, specifically) on the island, and the list is longer than twenty species.

It’s both stupid and astonishing to realize that the giant tortoises now living on Rodrigues — all of them in reserves — aren’t even the species that once inhabited the island. Those are completely gone. Back when François Leguat (one of the first French settlers) arrived, he wrote that there were so many tortoises you could walk a hundred paces on their shells without ever touching the ground. The fact that he ended up here with only seven companions, after fleeing persecution against the Huguenots in France (he thought he was heading to La Réunion, not Rodrigues), doesn’t excuse his role in the extinction of these species. The only time his writings express concern about the declining population of the solitaire is when he laments losing access to such “delicious meat.”

Even as I daydreamed about my Fisherman’s Platter, I found that disturbing.

Later, we stumbled upon a sign explaining that the reserve’s restaurant didn’t serve konokono because overfishing threatened the species — even if it wasn’t officially on the endangered list. We could only agree with that.

But our ecological reflections didn’t last long. At the tortoise reserve (which, oddly enough, is advertised at every gas station on the island), we were about to embark on a guided tour… of a cave.

And what a cave! “It’s a good cave,” Jacek repeated several times. A vast, long cave, I’d add. We relearned what stalagmites and stalactites are, and how they eventually meet to form columns. We heard the dramatic “plop” of a raindrop that had fallen five months earlier. In complete darkness — when the guide switched off his flashlight and all the projectors — we saw (or rather imagined) a lion, a birthday crocodile, a death-headed sphinx (or maybe Darth Vader), and Santa Claus on an early visit. And all of this happened before we had even seen a konokono.

Of course, we also walked among the tortoises.

I should mention that when we first arrived at the reserve, I thought of Dauphine — my tortoise at home. I connected to the museum’s free Wi-Fi, intending to message Céline, who’s staying at our place this week and to whom I had completely forgotten to mention Dauphine. Before I could type a single word, I received a message — a short video: “Is it normal for a small tortoise to be wandering around the garden?” Hihi.

So as I walked among the many large Aldabra giant tortoise and smaller Radiated tortoise from Madagascar in the reserve, I carried a small warm thought in my heart for my sweet little Dauphine.

It was a beautiful day. We won’t dwell on the fact that access to the suspension bridge was already closed when we arrived. Instead, we’ll remember that at the nearby craft shop, I treated myself to a woven, flying-saucer-shaped handbag — finally freeing my pockets and hands from my phone, cigarettes, cigarette refills, and wallet.

We’ll also remember the coastal drive back — stunning, even under a cloudy sky that dimmed the lagoon’s dreamy turquoise. And thankfully, there was no accident. With a 25,000-rupee deductible on the rental car, it was probably best we still hadn’t tried konokono yet…

And to wrap up the day: we were not disappointed by the Fisherman’s Platter at Le Bon Vivant. And honestly, sipping a tequila sunrise while swaying in a seaside swing at sunset may be terribly cliché… but it’s definitely not unpleasant.

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